Saturday, May 26, 2007

066 - Putain l'orage c'est beau


Quand les touristes courent sous la pluie, moi je sors avec mon parapluie. Récit :
Tout commence le vendredi 25 mai, au matin. Le ciel brille, le soleil est bleu, les oiseaux chantent, Mireille Mathieu s'est mis un sac sur la tête ; bref tout allait pour le mieux. Passé le rituel douloureux de la cantine, la ciel devînt grisâtre, mais il règnait encore et toujours une chaleur pesante. En fin d'après-midi, je quitte l'école et me rends à Gibert. J'en resors avec mes stylos et là : le vent s'est levé, les feuilles vollent, le ciel s'est assombri, les gens parlent plus forts qu'avant. On se serait cru dans Independence Day (avec Will Smith), quand le gigantesque vaisseau spatial extra-terrestre recouvre la ville. Après m'être pris de la poussière dans les yeux, je traverse le Boulmich', puis m'arrête au second feu rouge. Les touristes commencent à déserter la place, dont certains en courant, lorsque je lève les yeux au ciel pour admirer les tourbillons que décrivent certains morceaux (à cause de l'absence d'un moment qui entraîne une rotation du patétoide sur lui-même) de l'énorme nuage noir qui recouvre progressivement la capitale. Un coup d'oeil vers le nord me permet d'en apercevoir la proue. De fines gouttelettes se mettent à tomber. Rares sont les touristes qui ne courent pas. Puis il commence à sérieusement pleuvoir comme vache qui pisse. Il ne reste alors plus que quelques piétons isolés marchant à vive allure près de la fontaine et les voitures se font rares. Je me suis finalement décidé à traverser la rue lorsqu'une goutte d'eau m'est tombée dans l'oeil. Après quelques pas, ma chemise trempée et transparante, moulant mon beau corps musclé, aurait permis à quiconque se trouvant sur mon chemin d'admirer mes sublimes attributs masculins. Une fois devant le digicode, je fais un pas en arrière, et décide d'aller admirer la pluie sur le quai des Grands Augustins. Quelques hommes sirrotent une bière au chaud dans le pub canadien, un autre reste à l'abris sous le store Guiness à regarder le spectacle. La pluie tombe en un épais rideau sur la seine. Je fais demi-tour et me dépêche d'aller chercher mon Canon. Je fais deux-trois photos en passant...


...puis je me remets en route, le temps d'attrapper mon imper et un parapluie au passage. Une fois en bas, je fais un petit coucou à Ça le clown dans le caniveau....

...puis je me dirige vers les quais. J'ai dû habilement jongler avec mon parapluie et mon fotoapparat pour pouvoir m'accroupir au bord de la route. Oui, j'ai risqué ma vie pour prendre cette photo (celle tout en haut) ! C'est seulement après qu'une voiture m'ait frôlé la tête que je me suis rendu compte que j'étais peut-être un peu trop près. Mais qu'importe. Après plusieurs tentatives ratées, comme celle-ci (Michael Schumacher sur son scooter) :

(les photos peuvent se regarder à la verticale comme à l'horizontale. c'est vous qui voyez...), je prends finalement la fameuse photo (oui, encore celle tout en haut) qui m'a valu ce récit. J'lève mon gros cul, mais la vache n'est déjà plus au rendez-vous (la vache qui pisse) : il pleut désormais suffisament peu pour que les touristes - qui se sont maintenant armés de parapluie Tour Eiffel et de sacs plastiques géant Disneyland Paris - recommencent à marcher. Je traverse tout de même la route pour aller lorgner la Seine. Des bateaux de la brigade fluviale quadrillent le fleuve, au cas où un malheureux tomberait dedans. Mon Canon aussi a risqué sa vie : il y a des gouttes sur l'objectif, malgré mon pare-soleil et mon parapluie. Je demande alors à une délicieuse mamie qui attend son bus si elle aurait la bonté de me faire l'aumône d'un mouchoir en papier. Réponse négative. Je tente d'essuyer la lentille avec ma chemise mouillée, puis je me photographie quelques arrières-train de voiture :

au feu rouge :

un bus :

Puis je me retourne et une pulsion incontrôlée me pousse à photographier ça :

Il pleut désormais plus beaucoup et la circulation a repris (mais où se cachent les voitures lorsqu'il pleut très fort?). On distingue malgré tout les impacts des gouttes dans les flaques d'eau :

Je me décide à rentrer chez moi, non sans prendre une dernière photo d'un vagabond :

Il est alors déjà trop tard pour me rendre compte que le chiffrage des photos à dépasser le numéro 9999, et ça, ça fait grave chier. N'empêche que putain l'orage c'est beau.
En bas de chez moi, le vendredi 25 mai 2007.
Chaque mot que vous lisez de ce texte inutile est une autre seconde perdue dans votre vie. N'avez-vous rien d'autre à faire? Votre vie est-elle si vide que, honnêtement, vous ne puissiez penser à une meilleure manière de passer ces moments? Pensez-vous tout ce que vous êtes supposé penser? Achetez-vous ce que l'on vous dit d'acheter? Arrêtez le shopping excessif et la masturbation. Quittez votre travail. Si vous ne revendiquez pas votre humanité, vous deviendrez une statistique.